Le 7 mars dernier, OTL organisait l’événement Voyage au Centre de la Tech pour le compte de Pas-Calais Tourisme, Une journée dédiée à l’ampleur et la richesse de la Tech au service de la transformation du tourisme, ponctuée de capsules et de temps d’inspiration.
A cette occasion, Julia Luczak-Rougeaux, Rédactrice en chef de TOM.travel et Cyril Blanchet, Directeur pédagogique de l’école de tourisme ESCAET, tous deux auteurs du Dictionnaire Tourisme et Numérique, sont intervenus sur la puissance de la science-fiction pour anticiper les manières de voyager. Car oui, les films et les séries de science-fiction peuvent nous laisser entrevoir la manière dont l’on pourrait voyager dans quelques années.
En imaginant un futur probable, souhaitable ou totalement dystopique, la science-fiction nous laisse entrevoir ce que pourrait être le futur. Comment nous permet-elle d’imaginer la manière dont l’on pourrait voyager dans quelques années ? Voici trois exemples d’œuvres qui peuvent nous faire réfléchir sur le voyage de demain.
Ces dernières années, certaines technologies aperçues dans des films de science-fiction sont devenues réalité. Dans les années 1960, la série Star Trek montrait à l’écran le « PADD » et le « communicator », les ancêtres virtuels de l’iPad et du téléphone à clapet. Dans le film Minority Report de Steven Spielberg (adaptation de l’œuvre de Philip K. Dick sorti en 2002), le personnage principal évolue dans un monde constitué d’écrans pilotables avec des gants et de voitures autonomes. Quant à HAL 9000, le supercalculateur doté d’intelligence artificielle de « 2001 : L’Odyssée de l’espace » (Stanley Kubrick, 1976), il n’est autre que l’ancêtre fictionnel des assistants vocaux Alexa, Google Assistant, Siri et Cortana que nous utilisons quotidiennement.
Les films et les séries que nous avons pu visionner ces dernières années nous donnent-elles aussi un aperçu de la manière dont nous allons vivre et voyager dans quelques temps ? A défaut de devenir réalité, ces récits éveillent notre imaginaire et notre esprit critique quant à notre avenir.
Deux films sont intéressants pour répondre à cette problématique : Ready Player One de Steven Spielberg et Valerian et La Cité des 1000 Planètes de Luc Besson.
Dans Ready Player One, nous ne voyons pas de touristes à proprement parlé. Mais il est facile de comprendre que les voyageurs de 2044 ne quittent pas leur canapé. Dans le film, le héros Wade Watts fuit un monde aux accents apocalyptiques en se réfugiant dans l’Oasis, un univers totalement virtuel dans lequel il est possible de vivre une double vie plus attrayante. S’il est possible de se rendre sur la planète Doom pour se défouler, d’autres portails mènent sur des contrées plus verdoyantes et reposantes, sorte de destinations touristiques virtuelles.
Dans Valerian et La Cité des 1000 Planètes, l’une des premières scènes du film esquisse ce que pourrait être le Tourisme de demain grâce à la réalité augmentée. Dans cette scène, des touristes se rendent en bus dans un complexe nommé « Big Market » au beau milieu du désert. Après un rappel des consignes de sécurité, chaque touriste s’équipe de lunettes de réalité augmentée. Tout un monde s’ouvre alors à eux : une ville au million de boutiques où l’on peut se promener, interagir avec l’environnement et les créatures qui s’y trouvent et réaliser ses achats.
Ces expériences immersives vont-elles remplacer le voyage ? A priori, non. Aujourd’hui dans le tourisme, la réalité virtuelle est utilisée pour inspirer le public en amont du voyage. Elle permet de visualiser l’intérieur d’un hôtel, d’un bateau de croisière ou donne un aperçu d’une destination. Quant à la réalité augmentée, elle permet d’enrichir une visite en affichant des informations supplémentaires ou en reconstituant des éléments disparus.
Dans le film Her de Spike Jonze, le personnage principal achète le premier système d’exploitation doté d’intelligence artificielle. Pour configurer cette IA, un certain nombres de questions lui sont posées. Theodore Twombly crée alors Samantha qui va apprendre et évoluer au fil de l’eau. Dans une partie du film, Theodore est guidé dans la ville par Samantha qui lui suggère de commander à manger en devançant ses envies. Une IA hyper développée, à tel point qu’il tombe amoureux d’elle.
Aujourd’hui il n’existe pas d’assistant de voyage aussi sophistiqué que Samantha, même si l’intelligence artificielle continue de progresser. Vous avez sans doute entendu parler de ChatGPT, l’outil doté d’IA développé par OpenAI. Lorsque je l’ai interrogé au début de l’année, elle m’a répondu qu’elle pouvait à terme devenir un compagnon de voyage, pour aider à planifier ou à réserver un séjour et à guider les utilisateurs dans les villes. Plusieurs applications mobiles et chatbots permettent déjà d’accompagner le voyageur pendant un séjour. Reste à savoir à quel point ceux-ci peuvent devenir intelligents.
Dans la série Westworld de Jonathan Nolan et Lisa Joy, de riches touristes peuvent venir passer un séjour à Westworld, un parc d’attractions dernier cri dans lequel ils peuvent vivre des aventures sur le thème du Far West. Dans ce parc, tous les personnages qu’ils rencontrent, qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à des humains, sont en réalité des robots humanoïdes qui ont réussi le test de Turing (il n’est pas possible de savoir si nous avons affaire à une machine ou à un humain).
C’est donc leur aspect qui les rend crédibles aux yeux des visiteurs, mais surtout l’IA dont ils sont dotés puisqu’ils interagissent comme les visiteurs. Et on le voit très vite dans la série, ils vont même commencer à penser comme des humains…
Est-ce l’avenir des parcs à thème ? Encore une fois, l’intelligence artificielle n’est pas assez développée aujourd’hui pour pouvoir interagir de la sorte avec des robots, même si plusieurs « spécimens » font leur apparition chaque année au salon CES Las Vegas. La plupart du temps, ces robots humanoïdes sont considérés comme « creepy », car ils ne sont pas encore assez ressemblant aux humains. C’est ce qu’a théorisé le roboticien japonais Masahiro Mori dans ce qu’il a appelé la Vallée de l’étrange dans les années 70. Jusqu’à un certain seuil, plus un humanoïde ressemble à un humain, plus le moindre défaut va créer chez nous un grand sentiment de malaise. En revanche s’il ressemble parfaitement à un humain, et qu’il dépasse cette vallée de l’étrange, cette gêne disparaît. Il faudra malheureusement (ou heureusement) attendre un peu de temps avant d’atteindre ce niveau de ressemblance.
Retrouvez le replay de cette intervention et l’ensemble des replays de l’événement #VACT : https://www.voyageaucentredelatech.fr/fr