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OpenStreetMap et les systèmes d’information touristique : quelles alliances ?

Date de publication : 21 février 2024 Auteur : Stéphane Branquart

Savez-vous quel est le point commun entre : Tesla, FaceBook, Apple, mappy, Tom Tom, Tinder, Microsoft, Adobe, Minecraft, Wikipédia, Le Groupe La poste, la SNCF, EDF, l’État Français, Strava, MapBox, jawg Maps, Organic maps, Loopi, Komoot, TouristicMaps, Géovélo, Teritorio, et des milliers d’autres ?

Réponse : tous ces acteurs utilisent de la données OpenStreetMap. Etonnant non ?

Ils le font pour générer des « fond de cartes », mais pas seulement, car OpenStreetMap (OSM) c’est d’abord une base de données multiplement exploitables.

OpenStreetMap n’est pas une carte, c’est une base de données dont la richesse est souvent méconnue des « acteurs du tourisme ».

On y trouve toute sorte de données qui permettent de qualifier aussi bien des surfaces, des routes, que des points d’intérêts (POI). Pour chacun de ces objets, il existe une variété de descripteurs (attributs) pas représentés sur un fond de carte (car ça serait illisible) mais utilisables à titre informatif ou de calcul dans des applications.

Cette richesse est souvent méconnue car « elle ne se voit pas », et qu’elle n’est pas facilement accessible via le site international osm.org. Celui-ci n’est pas un portail grand public mais un outil de travail pour les contributeurs.trices d’OpenStreetMap. De plus, les mentions sur l’utilisation des données dans les applications sont souvent discrètes, quand elles ne sont pas absentes, ce qui est d’ailleurs un autre problème, légal.

Si vous regardez attentivement la carte osm.org ci-dessous (plage d’Ondres, dans les Landes) vous voyez : des restaurants, un glacier, le poste de secours, un point de vue, une œuvre d’art, des tables de pique-nique, des parking-vélos, des toilettes publiques, un point de tri, etc.

Pour les parking-vélos, on trouvera par exemple les attributs suivants : type d’arceau, nombre de places, abri, gratuit / payant etc. [voir] et pour les toilettes publiques : homme / femme, accessibilité en fauteuil roulant, présence d’une table à langer etc.  [voir].

Ces données vont pouvoir être utilisées dans des contextes applicatifs variables, à titre d’exemple :

Par curiosité vous pouvez aussi comparer cette zone entre osm.org et maps.google.fr

La donnée OSM est très réutilisée, car elle est sous licence libre (ODbl) et facilement améliorable. La base comporte désormais plus de 9 milliards de données, rassemblées depuis 2004 par près de 3 millions de contributeurs.trices, qui collaborent au rythme de plus de 2 millions de modifications par jour (voir ici en live le travail en cours).

L’amélioration est continue. La communauté fait évoluer l’ontologie et décide de ses orientations. Une fondation mondiale et de nombreuses associations nationales (ex : FR) facilitent les échanges. OpenStreetMap est ainsi l’un des grands Commun Numérique mondial, au même titre que Wikipédia.

Cette communauté est constituée à la base de contributeurs et contributrices qui agissent à titre «bénévole». Certain.es ont testé une fois, puis sont reparti.es, quand d’autres totalisent plus de 30 000 modifications.

De plus en plus, les contributions, massives, organisées, sont conduites par des structures (entreprises, collectivités territoriales…) qui agissent à titre « professionnel ». Elles entretiennent ou commercialisent des services (cf. l’introduction)

En France, les pros d’OpenStreetMap se sont fédérés au sein d’une association (fposm.org) pour gagner en visibilité.

Autour des Géocommuns la coopération entre l’IGN (dont les données sont désormais ouvertes) et l’écosystème OpenStreetMap est plus fructueuse. Un projet à signaler : Panoramax. Il s’agit de constituer une base de photos immersives (le pendant, en libre, de Google Street View ou de Mapillary, désormais propriété de Meta)

L’opportunité ou la circonstance qui convient

Voilà pour un portrait rapide et largement incomplet.

Il donne toutefois une idée des enjeux, au moment où les acteurs institutionnels du tourisme s’interrogent sur le cycle de vie des données en open data, les défis pour organiser des services d’informations efficients face à la concurrence des grandes plateformes, le foisonnement des Apps, la nécessité de mutualiser les énergies, le recentrage sur l’habitant, le tourisme local, durable, le numérique responsable… Ouf, rien que ça !

Mobilité, alimentation, économie circulaire, services pratiques, valorisation du petit patrimoine, autant de thématiques qu’il faut pouvoir adresser en sus des activités de loisir, de l’hébergement et de la restauration pour répondre aux multiples interrogations des publics, comme pour réfléchir aux stratégies de développement locales. Comment le faire seul ?

Ces défis mettent alors en lumière tout l’intérêt qu’il y a à examiner les rapprochements possibles entre les données / communautés d’OpenStreetMap et les données / communautés des Systèmes d’information Touristique.

Des questions pour un point de rencontre

Les Systèmes d’information Touristique (SIT) s’organisent. En France, DATAtourisme (la plateforme open data de l’information touristique) c’est 33 bases de données locales agrégées. Elles sont régionales telles que par exemple APIDAE, Décibelles, SIRTAQUI ou départementales.

Des milliers de collaborateurs et collaboratrices des offices de tourisme, passés, présents s’appliquent, parce c’est leur mission, par amour du métier, intérêt pour leur territoire à tenir à jour ces données.

C’est beaucoup de temps passé, souvent pour gérer des informations très détaillées. Gérer la donnée : c’est prendre soin de la donnée (dans la communauté OSM on appelle cela jardiner). Ce travail n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur, comme d’ailleurs bien des métiers du « soin »

Environ 420 000 POIs sont recensés par DATAtourisme. Ils irriguent les sites Web des offices de tourisme, les Apps des start-ups. Les identifiant des POIs servent de lien / de pivot vers les plateformes de réservation ou comme plus récemment vers Accès Libre (encore un silo sans OSM ! alors que…)

Se pose donc la question du pivot avec les données OSM et celles des SIT comme plus largement des bonnes alliances à identifier entre les deux mondes.

– quelles source de données à privilégier selon les thématiques et les types d’objets ?

– comment faire pour rapprocher des données qu’il serait nécessaire ou stratégique, pour une diffusion optimale, de maintenir dans les deux sources ?

– comment accompagner les acteurs du tourisme dans ce nouvel écosystème et leur faire rencontrer la communauté OSM ?

– comment faire cohabiter deux types de licence open data: la licence ouverte (LO) avec la licence ODbl et ses conditions de repartage à l’identique ?

De nombreux projets concrets peuvent servir d’exemple aux nouveaux entrants. Il faut pour cela préalablement prendre le temps de s’acculturer, de décomposer les problèmes, les usages. Bref, faire un pas de coté pour penser des transitions.

OpenStreetMap a démarré en juillet 2004 sur une feuille blanche (zéro data). Les initiateurs ont eu la volonté de créer une base de données géolocalisées, mondiale, librement modifiable et utilisable. La méthode : on y va. On prend nos GPS et on commence à collecter, rue après rue.

Comme ils ne savaient pas que c’était impossible, ils l’ont fait. Maintenant que l’on sait ce qui possible, trouver ces bonnes alliances, consolider le Commun, cela devrait être à notre portée. Une question d’intelligence collective plus que d’intelligence artificielle.

Test and learn.

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